Nous voilà disposés à une nouvelle journée remplie ; plan dans une main et stylo dans l'autre. Mathias nous indique qu'ils préparent le p'tit déj, et nous les voyons couper en morceaux une courgette absolument gigantesque...
Le café et le thé sont sur la table accompagnés de fruits, biscuits puis arrivent le fromage, une salade de tomates basilic et une sorte de tarte à la courgette tout simplement délicieuse. Ce qui peut apparaître pour un brunch chez nous est bel et bien un ptit déj en Estonie.
Nous clôturons cette rencontre par quelques conseils de voyage et une accolade bien généreuse qui nous rappellent l'essence du voyage : la rencontre avec des locaux.
Mathias nous dépose à Voru, où nous projettons de faire du stop jusqu'à Narva qui se trouve à plus de 160 km. Le temps de prendre un café, nous voilà sur une route en travaux, avec notre panneau Narva et notre smiley. 10 minutes plus tard nous nous retrouvons dans une camionette avec un chauffeur livreur qui s'apprête à aller en... France! Ça en fait des bornes. Il s'étonne de nous voir visiter l'Estonie car « Il n'y a que des forêts en Estonie ». Nous sommes déposés à un carrefour jouxtant l'autoroute Tallin-Narva. Cette fois-ci c'est un automobiliste russophone qui nous conduira jusqu'à Narva. La route est longue, la vitesse de croisière est lente, il fait chaud, mais nous plaignons pas le trajet est gratuit. Sensation étrange dans la voiture où le silence règne car notre chauffeur parle uniquement russe...
Monia
Vers 16h00 nous voilà arrivés à Narva, la troisième ville d'Estonie, frontalière avec la Russie, un pont surplombant le fleuve éponyme la reliant au pays des tsars. D'ailleurs la population est à 90% russophone et la ville possède le plus haut taux de chômage d'Estonie. Ce n'est que récemment que l'estonien est devenu obligatoire à l'école ce qui permettra à cette population de plus facilement trouver se place dans ce nouveau pays. Tout de suite l'ambiance est complètement différente, en plus de nombreux bâtiments industriels en friche, les belles maisons en bois peint laissent place à d'énormes blocs soviétiques numérotés à la facade décrépie. Cependant la verdure ne manque pas et entre les immeubles se trouvent de nombreuses aires de jeux envahies par des enfants.
Tandis que nous nous promenons entre les cubes de bétons, certains passants nous regardent avec étonnement, d'autres esquissent un sourire ou nous dévisagent, et certains vont juqu'a nous jeter un regard noir. Il faut dire que Monia avec la casquette fait assez garçonne et ça peut détonner dans un endroit ou les femmes sont soit vieilles, soit décorées au maquillage bricomarché.
Nous peinons à trouver le « Külastuskesus » ou office du tourisme puisqu'ici tout le monde ne comprend que « ЦEHTP OБCЛYЖИBAHИЯ ГOCTEЙ ГOPOДA », ce qui est bien moins facile à prononcer, n'est-ce pas ?
Du coup, nous rentrons dans le premier hôtel venu pour obtenir une carte de la ville, et nous connectons au WiFi du bar pour nous constituer un petit lexique russe. Notre première tentative d'auberge de jeunesse se solde par un échec, celle-ci étant complète. La seconde se trouve à environ deux kilomètres, ce qui ne manque pas de nous réjouir. On remet les sacs sur le dos, et en route. Galère aussi pour trouver celle-ci car elle est cachée au beau milieu d'un ensemble de blocs soviétiques. Après la super maison de Mathias, dormir dans un bloc type russe, c'est dépaysant. Nous ouvrons la porte couleur rouille, la chambre est propre et la taulière plutôt gentille, et c'est notre dos qui nous dit merci, car cela fait bien deux heures que nous nous baladons comme des escargots avec notre barda.
Narva est une ville assez industrielle, qui fut quasiment entièrement rasée par les russes en 1944, par conséquent quasiment tous les bâtiments de ce qui fut jadis un joyau architectural ont disparu. Subsiste encore les vieilles usines textiles du 19e au sud, l'hôtel de ville, les deux cathédrales, l'hôpital et bien sur le château. Construit sur les rives du fleuve Narva, juste à coté du pont reliant l'Estonie à la Russie, et faisant face à la forteresse d'Ivangorod, construite bien plus tard par Ivan le Terrible. La vue de ces deux géants face à face est vraiment impressionante.
Après avoir visité la ville assez rapidement, nous allons nous coucher car demain gros programme également, visite de Sillamäe, une ville russe secrète, et départ pour les rives du lac Peïpous où nous passerons la nuit.