L'eau est glacée, je sens ma virilité qui lentement se recroqueville, mais quel bonheur quand même. Quand, au bout de 5 minutes, l'eau commence à chauffer. Une douche chaude ! Le genre de truc tout con qui redonne bien le moral. Et puis je suis bien content, je prends de l'expérience, je retiendrai l'idée du stade pour la douche.
Les routes sont à nouveau droites, et peu roulantes, avec beaucoup de voitures. Je m'éloigne de la grande route direction Tinte, un tout petit village. Je le traverse et débouche dans un endroit très bucolique au bord d'un petit cours d'eau. Le temps d'un petit casse-croute, et je repars, direction nord. Je suis sur plusieurs kilomètres un petit chemin goudronné qui se dirige pile-poil dans la bonne direction, nord-nord-ouest, croisant ça et là quelques fermes isolées. Bien content d'avoir trouvé une alternative parfaite à la route principale, ma joie s'arrête net : la route s'arrête brusquement à l'entrée d'un ferme très jolie d'ailleurs.
Complètement paumé au milieu de nulle-part, je n'ai vraiment pas envie de me repalucher toutes les bornes jusqu'à Tinte. Je me rapproche de l'entrée de la ferme, lorsque à mon grand étonnement, en fait de petits vieux, deux charmantes
Je prends congé et prend la direction suggérée, quand je tombe sur une voie ferrée, et une petite baraque abandonnée, qui devait être il y a fort longtemps un arrêt. Je franchis prudemment la barrière de protection puis les voies, en suivant les recommandation d'un panneau indiquant de bien s'assurer qu'aucun train ne déboule.
La petite maisonnette est clairement abandonnée, les pièces du bas, assez vides contrastant avec celles du haut, bordéliques à souhait.
Je me prends à imaginer l'endroit au faîte de son activité, lorsqu'un chef de gare vivait peut-être ici... À présent, en bas un murier sauvage commence à envahir le bâtiment par la fenêtre, mais aussi à ma grande surprise par de plus petits interstices, comme les trous des volets. Cela donne vraiment une impression de vivant, un peu comme les plantes carnivores des dessins animés.
Je poursuis ma route et tombe sur un chemin très caillouteux qui monte énormément. Même en poussant le vélo, je dois m'arrêter à plusieurs reprises, c'est un enfer. Le tout pour au final récupérer la route et voir un panneau « Tinte 2,5 ». Super, une heure de perdue pour faire même pas 2,5 km. Joie.
Je continue donc sur la départementale jusqu'à Imphy, ou je bifurque par les petites routes en direction de l'ouest, pour rejoindre Magny-Cours.
Théatre de tous les grand prix de France de formule 1 depuis 199X, depuis deux ans le Grand Prix de France n'existe plus. Le grand patron de la formule 1, Bernie Ecclestone, Picsou comme c'est pas permis, trouve que le circuit Français, il est vrai perdu au beau milieu de nulle-part, n'est pas assez glamour/people, et à donc préféré mettre au programme des grand-prix dans des pays sans culture du sport automobile, mais dans des endroits richissimes et glamour comme Abu-Dhabi, la Chine ou Bahrein.
En même temps, sans en vouloir à François Mitterrand, qui voulait dynamiser une région amorphe, construire un circuit perdu au beau milieu de la France profonde, dans un milieu hyper rural, c'était un peu se tirer une balle dans le pied. A moins de monter tout un pôle technologique et de créer une synergie et une dynamique autour, ce qui n'a pas été fait, le circuit étant isolé.
Vous allez me dire, mais comment peux-tu être un défenseur de l'environnement et aimer les sports mécaniques ? Eh bien avant tout j'aime la vitesse. Depuis tout petit mon père suit la formule 1, et tous les dimanches après-midis ou presque je suivais les exploits des Prost, Senna ou Alesi avec lui. À l'époque la formule 1 était une affaire d'ecuries privées, associées à un motoriste, comme Williams-Renault, McLaren-Honda ou Benetton-Ford. La seule exception était Ferrari, mais cette dernière à toujours fabriqué des voitures de prestige pour financer la course automobile qui est son principal objectif, et non l'inverse. De ce temps, les bonnes idées naissaient dans la tête des ingénieurs, et pas des calculs de puissants ordinateurs, les pilotes devaient suivre leur ressenti et leur instinct pour régler leur monoplace, on pouvait parler de formule 1 artisanale, avec des équipe qui couraient non pas pour les retombées commerciales, mais uniquement pour l'aspect sportif.
Je déplore un peu le virage jet-set/people et ultra-commercial qu'a pris la formule 1 aujourd'hui, mais je continue à la suivre, les règles ayant été modifiées ces deux dernières années pour favoriser le pilotage au détriment de la technologie.
Il faut savoir qu'une étude à été menée il y un an ou deux, et l'ensemble de la saison de formule 1 à un bilan carbone équivalent à celui d'un gros club de foot type FC Barcelone ou Manchester United. Ça paraît peu mais c'est parfaitement logique : la formule 1 est un sport avant tout télévisé, 18 grand-prix par an avec chaque fois entre 100000 et 150000 spectateurs, rajouter les transports de matériels à travers les continents, la pollution des voitures étant de loin le poste carbone le plus faible, et on se rend compte que ce n'est pas si énorme que ça. À comparer aux 30 ou 40 matchs à domicile du club de foot (championnat+coupe+coupe d'Europe+amicaux+divers) avec à chaque fois autant de supporters.
Pourtant je trouve qu'aujourd'hui, avec le gel de l'évolution moteurs, et de la technologie en général, la formule 1 ne joue plus le rôle de moteur technologique qu'elle à joué par le passé. Après tout, on lui doit l'ABS, l'antipatinage ESP, le turbo, les suspensions actives, la direction assistée, les boites de vitesses automatiques et semi-automatiques... J'aimerais tellement que la F1 soit pionnière en technologies vertes et motorisations vertes. L'idée fait son chemin, mais l'heure est à la réduction des coûts, pas à l'innovation technologique. Dommage...
J'arrive enfin au circuit, après avoir traversé une ribambelle de petits hameaux perdus depuis lesquels j'entendais le vrombissement des moteurs au loin, des motos vraisemblablement.
Effectivement il est bizarre de voir une telle infrastructure plantée là, à deux pas des fermiers, des vaches et de petit villages.
Je me dirige vers l'entrée paddock, ou se trouvent des dizaines de motards sur une sorte de parking à coté du circuit, et un agent de sécurité, très aimable et sympathique me donne un bracelet pour y pénétrer et m'explique le fonctionnement du circuit. Aujourd'hui il s'agit d'un roulage simple pour les motards par cylindrée et par niveau par tranches de 20 minutes. Le tout est organisé par up-racing, une organisation qui loue des circuits pour du roulage moto.
Il y a des grillages partout et c'est vraiment compliquer de s'y retrouver, je me perds alors que je cherche à entrer sur la pit-lane, la ligne droite des stands. Finalement j'y parviens, après quelques gros détours, et je prends une place le long de la ligne droite, là ou en général les panneauteurs informent les pilotes de leur temps de tour et de l'écart avec les poursuivants. Le vacarme est assourdissant, les motos passent juste à quelques mètres de moi, c'est vraiment impressionnant.
L'ensemble des tribunes est en accès libre, après dix minutes sur la ligne droite, je me place en tribune K, d'ou je peux voir l'épingle d'Adélaïde puis les virages Imola et du Château d'Eau.
Je suis très surpris à quels point les pilotes sont respectueux les un envers les autres, à aucun moment je n'ai vu quelqu'un fermer la porte à celui qui double, tenter de résister, ou faire une queue de poisson. Et pourtant il essorent bien la poignée, et les genoux touchent le sol dans les virages. Aucune chute à déplorer non plus, voilà des gens qui savent se faire plaisir en toute sécurité, pas comme certains imbéciles qui me doublent en roue levée ou à plus de 100 à l 'heure sur la route.
Je ne reste finalement qu'une petite heure, un roulage sans enjeu étant assez répétitif, et il me reste environ 13km jusqu'à Nevers. L'arrivée sur la ville est assez jolie, avec un long pont à traverser pour arriver dans la cité qui semble attendre sur l'autre rive. Je me pose dans un bar, discute un peu avec les gens locaux, qui me disent qu'il s'agit d'une ville bien ennuyeuse, même si le centre assez médiéval/renaissance est très joli. Mais il est déjà tard, et je dois encore trouver l'endroit où dormir, sachant que c'est plus compliqué dans les grandes villes, car bien souvent il faut ressortir en périphérie. Je fais donc un bref tour du centre, qui effectivement est charmant, pour ensuite aller trouver un champ peinard au milieu de nulle part pour y passer la nuit.
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