aoû
13
Arrivés à Belaviċi, nous descendons du train et essayons de localiser Irena et ses amis. Nous longeons la route qui suit la rivière, il y a quelques baigneurs, mais personne qui corresponde à la description. Nous continuons notre chemin, traversons un pont flottant militaire qui doit être là depuis la guerre, pour enfin arriver devant le camping. Nous recontrons donc Irena et ses amis, tous très sympathiques et le premier contact est très positif.Enfin, nous en rêvions depuis longtemps, nous pouvons piquer notre première tête (faire trempette dans les eaux glacées de la Soča ne compte pas), et c'est un vrai bonheur. La rivière est propre, bordée d'arbres, près d'un simili-barrage en bois et d'un pont à structure en bois, un pur plaisir.
Nous enchaînons directement avec un peu de volley informel sur l'herbe avec d'autres gens puis une vraie partie sur le terrain de beach-volley enfin libéré par les squatteurs qui abusaient clairement. L'ambiance est excellente, tout le monde dans le même état d'esprit, beaucoup de rigolade, notre première escale en Croatie ne pouvait pas mieux débuter. Malheureusement je n'avais pas mon appareil photo sur moi...
Après quelques plongeons du haut du pont (5m environ), nous enchainons par une petite bière et un hamburger (qui est quasiement une specialité locale tant il est plus facile de trouver des snacks que des la bouffe des balkans...), puis Eugen (prononcer heuillguen), un ami allemand nous prend dans son van WV jusqu'à Zagreb. Exténués nous nous écroulons durant le trajet. Arrivés à Zagreb, il faut prendre un train jusqu'au petit village où réside Irena, Sesvestski Krajlevec, puis marcher encore dix bonnes minutes.
Elle habite une partie du rez-de-chaussée d'un maison, une sorte de « une pièce/cuisine/salle de bains », très rural. Néanmoins, je ressens beaucoup de vibrations positives dans cet endroit et on se sent très à l'aise. Il y a peu de décoration, mais les quelques objets ornant les murs sont très personnels et ont chacun une histoire. Sur un mur de la cuisine est affiché le « Motivatiojski plan » d'Irena. C'est à dire les chose qu'elle veut avoir faites dans sa vie et certains moyens pour y parvenir.
Dans sa chambre, un immense terrarium, d'au moins trois mètres cubes, terrain de jeu de son iguane dépassant largement le mètre: Iggy.
Irena est une personne plus que généreuse. Elle laisse son lit à Céline, et tient absolument à dormir par terre. Quand à moi je dispose d'un matelas sur le sol du couloir dont l'excellent confort saura se faire apprécier suite à nos quatre nuits passées sur l'herbe.
C'est drôle, nous avons complètement perdu la notion des jours et du temps. Chaque jours vécu laisse autant voire plus de souvenirs qu'une semaine dans notre vie de tous les jours. Ça devient presque difficile de se rappeler de tout, heureusement les photos sont là pour nous rafraîchir la mémoire.
Donc le lendemain, lundi, après la première vraie grasse matinée depuis notre départ, nous nous en route pour la ville. Vers 16 heures nous décidons de nous poser sur un terrasse pour prendre une bière, et c'est là que la discorde survint au sujet de la poursuite de notre trip. Excédé, je prendre un peu d'argent dans notre caisse commune et pars visiter la ville seul. Zagreb est divisée en deux parties: la ville haute et la ville basse. Empiétant sur les collines avoisinantes, la partie haute est plutôt constituée de petites ruelles parfois escarpées, bordées de bars toujours dans le style « fashion ». C'est également ici que l'on trouve la cathédrale, bien moins impressionnante que celle de Strasbourg, et la plupart des églises.
La ville basse est plutôt composée de grandes artères, de bâtiments comme le théâtre national, la gare, ou des parcs très verdoyants et fleuris, ainsi que le jardin botanique. Ayant besoin d'appeler Irena pour savoir à quelle heure il y aura quelqu'un « à la maison », je demande à trois jeunes filles qui acceptent gentiment. Nous faisons connaissance, et sympathisons rapidement. Elles me questionnent sur la vie en France, n'aiment visiblement pas les slovènes, qui refusent apparemment l'entrée de la Croatie dans l'Union Européenne si elle ne leur cède pas une région côtière. Pas besoin de fustiger le Chili qui à recheté le dernier accès à la mer de la Bolivie, nous avons apparemment les mêmes problèmes bien plus près de chez nous et nous ne le savons même pas. L'un d'elles est d'origine australienne, et n'habite que depuis deux ans la Croatie, car apparemment son père serait un mafieux que sa mère aurait décidé de fuir. La langueest selon elle très difficile à apprendre en raison notamment des nombreux cas, comme dans la plupart des langues germaniques ou de l'est. Nous discutons de tout et de rien, même de sexualité, elles me font bien rire. Ça me rappelle énormément la relation que j'avais avec mes cadettes, au basket, elle sont d'ailleurs de la même tranche d'âge. N'ayant pas encore construit leur personnalité, je crois pourvoir dire qu'a cet âge elles sont exactement pareilles aux françaises.
Il est temps pour moi de les quitter, car j'en ai encore pour une demi-heure pour rentrer et je dois encore avoir une discussion avec Céline pour remettre les choses à plat. Sur le chemin je remarque que tous les bancs, sans exception, sont occupés chacun par un couple d'amoureux. Ah c'est beau l'amour, les croates on l'air d'être de grands romantiques...
Après avoir raté mon train, arrivé à l'appartement d'Irena vers 23h00 seulement, la première chose que je vois est mon sac, avec à coté les quelques affaires que nous nous étions échangé avec Céline pour répartir la charge. Pas besoin d'un dessin, j'ai bien compris de quoi il s'agit. Je file prendre une douche dont je rêvais depuis longtemps, un soleil de plomb ayant écrasé la ville durant toute la journée. Irena rentre à son tour, avec un petit chaton noir, une femelle, atteinte vraisemblablement d'une contusion à un œil, qui est tout rouge. Elle m'explique que la chatonne l'a suivie depuis la gare. Elle est incroyablement affectueuse, sans cesse à se frotter contre nos jambes, à demander des câlins, ronronne sans cesse, et nous regarde avec des yeux, enfin surtout un, pleins de tendresse.
Après lui avoir donné à manger et a boire, fait un brin de toilette, Irena envoie un mail à une de ses amies vétérinaire pour obtenir quelques conseils sur la façon de soigner cet œil. Ayant déjà deux chats elle ne veut pas la garder, histoire « de ne pas devenir la vieille fille aigrie aux chats » ;-)
J'apprécie beaucoup la position qu'a prise Irena vis-à-vis de Céline et moi. Alors que je m'attendais à ce que cette situation la mettre vraiment mal à l'aise, au contraire, ayant vécu une histoire comparable lors d'un voyage l'an dernier, elle se montre très rassurante et sereine avec chacun.
Très tôt, je suis réveillé par le départ de Céline. Je feins de continuer à dormir, la regardant s'en aller. Voilà, c'est irréversible, la porte vient de se fermer. J'écris mes pensées pour le blog, puis me rendors tant bien que mal. Au réveil, je décide de planifier le reste de mon voyage, puis je retourne en ville. J'hésite encore entre continuer seul et rentrer, mais mon esprit positif prend le dessus. Continuer, et voyager seul, pour la première fois est un challenge qui me stimule. De plus la préparation du reste du voyage à fini de me convaincre, il reste tant de choses intéressantes à voir dans les Balkans...
La contrôleuse du train ne me fait pas payer, c'est fou ce qu'on peut obtenir avec un simple sourire. A midi, je mange avec Irena, et nous commençons vraiment à faire enfin connaissance. Il faut dire que c'est notre première vraie conservation. Vraiment quelqu'un de bien cette fille, une personne « vraie ». Il est 14h30, et mon bus pour Plitviče partant à 16h00, il me reste une heure et demie seulement pour rentrer, préparer mon sac, repartir prendre le train pour la ville, et foncer à la gare routière qui est à 10 bonnes minutes de la gare ferroviaire. Challenge...
À Sesvetski Kraljevec, à peine sorti du train je cours comme un dératé en direction de la maison, jette toutes mes affaires pèle-mêle dans mon sac, remplis ma gourde, et range un peu l'appart.
Dans la cuisine, la petite chatonne que j'ai surnommé Split (Split signifie séparation en anglais, et c'est aussi une ville Croate), n'arrête pas de me sauter sur les mollets et de miauler pour que je la prenne dans mes bras. Je lui fais un dernier câlin. Je la repose au sol, et elle continue de me solliciter. Elle à bien compris que j'allais partir. Lorsque je referme la porte de la cuisine, je la vois à travers la fenêtre de la porte, assise, me regardant d'un air qui me brise le cœur, accompagné de quelques miaulements déchirants que j'interprète comme « Emmène-moi avec toi, s'il te plaaaaaaaît ». Dur.
Je n'ai pas le temps de m'apitoyer plus que ça, j'ai mon bus à prendre. Je mets mon sac sur le dos, et rejoins la gare du petit village aussi rapidement que possible, et courir avec 20kg sur le dos, c'est génial, je vais m'y mettre trois fois par semaine au moins en rentrant. Arrivé à Zagreb, je fonce frauder un tram jusqu'à la gare des bus, le temps d'aller acheter un billet, bien sur en ayant choisi la caisse avec les clients à problèmes, la panne de papier dans l'imprimante et une préposée assez incompétente devant sans cesse demander de l'aide à ses collègues pour tout et n'importe quoi. J'arrive néanmoins à obtenir mon billet, fonce vers le terminal, et arrive à monter dans le bus juste quelques minutes avant qu'il ne parte. On the road again.
Le bus démarre, je sors mon baladeur mp3, sélectionne du Yann Tiersen, repense à Split et me mets à pleurer. Pendant vingt bonnes minutes. Céline vient de me laisser et pourtant c'est à cause du chat que je suis triste. Peut-être que c'est simplement le déclencheur de l'évacuation du trop plein d'émotions. J'ai l'impression d'avoir commis un acte cruel en laissant ce chaton derrière moi. C'est complètement idiot, mais on ne choisit et ne contrôle pas ses sentiments. Je ne crois toujours pas au destin. Mais je crois à certaines coïncidences. Certains signes. Irena à une amie d'enfance, perdue de vue depuis plus d'un dizaine d'années, retrouvée via Facebook récemment et revue il y a quelques mois, qui à perdu un œil il y a deux-trois ans, percutée par une voiture. Elle a vu dans ce chaton blessé à l'œil un signe, et c'est pour ça qu'elle à décidé de le soigner avant de le remettre dans la nature. Avec le risque qu'il ne s'en sorte pas. J'ai l'impression que je devais l'emmener. Et que j'ai en quelque sorte refusé d'obéir à mon instinct.
Je ne sais pas pourquoi, mais les animaux m'ont toujours beaucoup plus touché que les Hommes. Peut-être parce qu'ils n'agissent pas par intérêt, qu'ils sont fidèles et honnêtes. Cela ne veut en rien dire que je suis insensible aux humains, bien au contraire.
Dans quelques heures je serai dans le parc national de Plitviče. Avec de nouvelles ambitions et un moral conquérant. J'étais parti pour avoir des émotions fortes, je suis servi, et tant mieux.
Même en plein milieu de nul part y'a encore moyen d'penser à nous t'as vu!!! Elles connaissaient les olives? Termine bien ton voyage à bientôt